Dans la grande salle où sont déployés des tapis de sport, une dizaine d’enfants s’essaie aux arts du cirque. Assiettes chinoises, diabolo, boule… “C’est un atelier sur trois jours”, explique Camille, de la compagnie Double jeu, invitée par l’association.
“Les activités tournent autour du thème des grandes phases de la vie. L’idée est aussi de faire de nouvelles expériences du corps, à travers l’équilibre, la danse, etc.”, poursuit-elle.
Des activités pour tous
“Nos ateliers sont accessibles à tous les enfants”, explique Sabrina Joachim, l’une des responsables de l’association. “Il y a par exemple un enfant autiste qui y participe. L’esprit de l’Ajla (Association des jeunes du Laos et leurs amis), c’est d’accueillir tout le monde et de s’adapter aux besoins de nos publics.”
Certains enfants qui fréquentent régulièrement l’association vivent avec un handicap, ont des troubles de l’attention, font du diabète ou sont hyperactifs. “Je sais que de nombreuses structures n’accueillent pas ces enfants-là car cela nécessite souvent plus de personnel, mais si les familles du quartier ne peuvent pas mettre leurs enfants chez nous, ils n’ont nulle part où aller.”
“On est une soupape pour ces enfants-là, pour leurs parents aussi”, complète le président de l’Ajla, Fouad Benhalla.
“Les gens ont un souci avec le handicap”, regrette Sabrina Joachim, qui organise pour l’association les projets de sensibilisation “Changer de regard”, avec des ateliers pour permettre aux personnes valides d’expérimenter la perception des personnes aveugles ou sourdes.
“Mais pour accueillir ces publics correctement, on manque de personnel et de subventions pour les rémunérer”, estime Fouad Benhalla. “Nous avions un aide-soignant pour accompagner les enfants qui ont des besoins spécifiques. Il a enchaîné plusieurs contrats aidés, nous ne pouvions le garder qu’en l’embauchant en CDI. Mais notre budget ne nous le permet pas”, poursuit-il.
Le président et la responsable évoquent ce problème récurrent du financement des associations : “Presque tous les employés de l’Ajla sont en contrat aidé. Ce sont des contrats financés en partie par l’État et les collectivités, qui ne peuvent pas durer plus de trois ans. Nous y avons recours car nos budgets sont fragiles. Mais comme nous ne pouvons pas les embaucher en CDI, ils finissent par partir”, explique Sabrina Joachim, elle-même embauchée en contrat aidé depuis presque trois ans.
Un équilibre difficile
“C’est dommage pour tout le monde : pour les animateurs qui s’habituent aux jeunes, pour l’association qui les forme, et pour les gens du quartier. Le travail social, c’est des relations qui se construisent dans la durée”, poursuit-elle.
Cette fragilité financière a poussé les membres du conseil d’administration de l’Ajla à rédiger une lettre à l’attention de la mairie pour demander plus de soutien.
“Nous sommes obligés de refuser des enfants par manque de place, alors que les habitants du quartier nous font confiance depuis presque 40 ans. Ce serait dommage que cette histoire s’arrête”, conclut Fouad Benhalla.